La pollution de l’air reproduit les inégalités sociales de santé dès l’enfance. En France, « les enfants les plus affectés par un surcroît de pollution de l’air sont plus souvent parmi les plus modestes », indique la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans une étude parue début janvier 2024.

La pollution de l’air due aux particules fines de moins de 2,5 micromètres, notamment émises par les voitures, touche majoritairement deux populations de jeunes enfants. Il s’agit des enfants des ménages les plus aisés résidant dans les grandes aires urbaines et ceux nés dans des familles modestes qui vivent dans les communes les plus polluées de ces zones. Mais du fait d’un lieu d’habitat davantage pollué, les plus précaires s’avèrent les plus affectés.

Moins bon état de santé

Dans les agglomérations d’au moins 700 000 habitants, les 10% d’enfants les plus modestes subissent, dès leur première année de vie, une exposition moyenne « supérieure de 0,5 microgramme par mètre cube », par rapport à celle des 10% enfants les plus aisés, constate la Drees. Or, une exposition précoce augmente les risques d’hospitalisation pour bronchiolite et asthme en bas âge.

Au-delà d’une exposition accrue à la pollution de l’air, les enfants des milieux modestes semblent plus vulnérables en raison de leur moins bon état de santé. Par exemple, ils sont « plus fragiles à la naissance ». Ainsi, « les enfants nés prématurément représentent 9,1% des naissances parmi les 10% les plus modestes de la cohorte étudiée », contre « 6,1% des enfants parmi les 10% plus aisés », précise l’étude. Les plus défavorisés présentent donc un risque 1,5 fois plus élevé de naître prématurément et 1,2 fois plus élevé de rester plus longtemps à l’hôpital à la naissance.

Eviter des hospitalisations

Chaque année, 28 000 enfants de moins de deux ans sont hospitalisés en urgence pour soigner une bronchiolite, soit 3,6% de cette tranche d’âge. Ce risque est « doublé pour les plus modestes », déplore la Drees. En cas de crise d’asthme, les hospitalisations en urgence touchent 11 000 enfants de moins de 3 ans, soit 1,4%. Ce taux atteint 1,9% parmi les plus modestes. Pour eux, « les délivrances de médicaments contre l’asthme en pharmacie de ville apparaissent bien moins fréquentes […] que chez les enfants de niveau de vie intermédiaire ».

Selon la Drees, il suffirait de peu pour améliorer sensiblement ces données. Diminuer d’environ 1% l’exposition moyenne annuelle des enfants de moins d’un an aux principaux polluants atmosphériques permettrait d’éviter 2 000 hospitalisations pour bronchiolite et 1 800 pour asthme. Par ailleurs, 6 100 enfants n’auraient pas besoin de traitement antiasthmatique. Cette diminution de 1% équivaudrait simplement à préserver les enfants « d’une quinzaine de jours d’augmentation ponctuelle importante de leur exposition à ces polluants », explique la Drees.