Plusieurs études le démontrent désormais, les écrans accentuent certains risques pour la santé, et particulièrement celle des enfants : surpoids, obésité, interférences sur l’apprentissage du langage et sur le développement cognitif… Pour ces raisons, entre autres, le Haut Conseil de la santé publique et l’Académie de médecine déconseillent leur usage aux moins de 3 ans, quand Santé publique France et l’Anses suggèrent l’âge de 2 ans.

Afin de compléter les enquêtes sur le profil de ces très jeunes utilisateurs, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 12 avril 2023 rend compte des résultats obtenus à partir de l’Etude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe), lancée en 2011. Pour ce faire, 18 329 enfants français, âgés de 2 mois à 5 ans et demi, et appartenant à 18 040 familles, ont été suivis dans leur usage quotidien des écrans (télévision, ordinateur/tablette, console de jeux et smartphone), entre 2013 et 2017.

56 minutes par jour avant deux ans

Le résultat de ces observations montre que le temps quotidien passé devant un écran est, en moyenne, de 56 minutes pour les enfants de 2 ans, de 1 h 20 pour les 3,5 ans et de 1 h 34 pour les 5,5 ans. A contrario, les enfants de 2 ans nullement exposés aux écrans sont seulement 13,7 % en 2013. La proportion des 3,5 ans exposés une heure par jour maximum à un écran est de 49,7%, quand celle des 5,5 ans est de 39 %. L’enquête n’identifie aucune différence entre les garçons et filles de 2 ans. En revanche, à 5,5 ans, les garçons utilisent les écrans 10 minutes de plus que les filles.

Quel que soit l’âge, constate l’étude, l’écran de télévision est le support le plus sollicité. Mais plus l’enfant avance en âge, moins celui-ci l’accompagne : 86 % des 2 ans regardent la TV (pendant 48 minutes), contre 73 % des 3,5 ans (58 minutes) et 64 % des 5,5 ans (pendant 1 heure). Pour cette dernière tranche d’âge, en effet, les autres supports commencent à intervenir. Car, en plus de cette heure de télévision, le temps total quotidien passé devant un écran comprend, en moyenne, 17 minutes de tablette, 7 minutes de jeux vidéo sur console, 6 minutes de smartphone et 5 minutes d’ordinateur.

Des déterminants géographiques et sociaux

Autre résultat : la région d’habitation de la famille donne lieu à certaines disparités. Par exemple, le temps d’écran quotidien de l’enfant est inférieur en Bretagne à celui relevé dans les Hauts-de-France. L’histoire migratoire de la famille, particulièrement celle de la mère, est également un déterminant étudié. Ainsi, les enfants ayant trois ou quatre grands-parents nés à l’étranger passent 30 minutes de plus devant un écran que ceux dont les quatre grands-parents sont nés en France. Si la mère est native du Maghreb, de Turquie ou d’Afrique, note encore l’enquête, l’exposition est de 30 à 50 minutes plus élevée que si elle est née en France.

Enfin, moins le niveau d’études de cette même mère est élevé, plus le temps passé devant l’écran est long. Par exemple, l’enfant dont la mère n’est pas allée plus loin que le collège va passer 45 minutes voire 1 h 15 de plus devant un écran, comparé à celui dont la mère a au moins un Bac +5.

Toutes ces résultats, conclut le BEH confortent « la nécessité d’une prévention précoce » vis-à-vis des écrans. Ils doivent notamment permettre de « mieux cibler les familles et les contextes où ce temps excède les recommandations. »