« Globalement, les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, et ce, avec une nette marge. » Tel est le constat du Service Copernicus pour le changement climatique (C3S) dans son communiqué du 7 janvier 2022.

Ce service fait partie intégrante de Copernicus, le programme européen d’observation de la Terre. Cet organisme surveille notamment le changement climatique, l’atmosphère et l’environnement marin.

Réchauffement de 1,2 °C

A l’échelle mondiale, l’année 2021 arrive en cinquième position de ce réchauffement climatique. Après cinq premiers mois plutôt frais, de fortes chaleurs sont intervenues de juin à octobre. In fine, la température moyenne est supérieure de 0,3 °C par rapport à celle des trente années passées. Elle gagne 1,2 °C depuis la période préindustrielle de 1850-1900.

Certaines régions du globe affichent davantage de températures au-dessus de la moyenne de 1991-2020. C’est le cas d’une « zone allant de la côte ouest des Etats-Unis et du Canada au nord-est du Canada et du Groënland, ainsi qu’une partie de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient », note le C3S.

Inversement, elles sont inférieures dans des secteurs de l’Alaska et du Pacifique, en raison de La Niña. Ces températures plus basses se retrouvent en Australie et dans des territoires de l’Antarctique.

Incendies et inondations

Au plan européen, des niveaux de chaleur inégalés ont marqué les années 2014 à 2020. Pour Carlo Buontempo, directeur du C3S, « 2021 a été une nouvelle année de température extrêmes, avec l’été le plus chaud en Europe ».

Cet expert évoque d’importantes « vagues de chaleur en Méditerranée », en Espagne, Grèce et Italie. La Sicile a connu le record de température européen, soit 48,8 °C. En parallèle de ce réchauffement, des feux de forêts « intenses et prolongés » ont touché ces pays. Il en est de même pour l’Albanie, l’Algérie, la Macédoine du Nord, le Portugal, la Tunisie, et la Turquie, pays considérablement sinistré.

Autres exemples d’événements climatiques « à fort impact » : les énormes précipitations de juillet 2021 en Europe centrale occidentale. Plusieurs pays ont déploré de graves inondations, comme l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.

Qualité de l’air amoindrie

Par ailleurs, Carlo Buontempo s’inquiète « des températures élevées sans précédent en Amérique du Nord ». La Californie a subi le deuxième plus grand incendie de son histoire, le Dixie Fire. Celui-ci a provoqué « une dévastation généralisée », dénonce le C3S. Surtout, il a engendré « une réduction significative de la qualité de l’air pour des milliers de personnes ».

« Ces événements nous rappellent brutalement la nécessité de changer notre façon d’agir », lance le directeur du C3S. Il préconise de « prendre des décisions décisives et effectives vers une société durable et de travailler à la réduction des émissions nettes de carbone ».

 Le CO2 émis s’accumule

Les incendies dans le monde ont contribué à aggraver les concentrations de gaz à effet de serre. Le taux de dioxyde de carbone (CO2) a culminé à 414,3 parties par millions (ppm) en 2021. Le mois d’avril a connu un pic à 416,1 ppm.

« En 2020, il était en moyenne de 413, une valeur que la planète n’avait pas atteinte depuis des millions d’années », a indiqué Gilles Ramstein, climatologue, dans le magazine Mutations de janvier 2022. Ce directeur de recherche CEA au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) s’exprimait dans un décryptage consacré à l’impact du changement climatique sur la santé.

« Sans action de l’homme, avant la révolution industrielle, ce taux était de 280 ppm », précise Gilles Ramstein. « Le CO2 émis s’accumule, car il reste dans l’atmosphère pendant au moins cent ans ! », prévient-il.

Les données du C3S concernant le méthane (CH4) sont tout aussi alarmantes. Sa concentration annuelle moyenne se hisse à « environ 1876 parties par milliards (ppb) ». Ce triste record représente plus de 2,5 fois le niveau préindustriel.