En 2020, année fortement marquée par la pandémie de Covid-19, le nombre global des interruptions volontaires de grossesse (IVG) a baissé de 4 % en France par rapport à 2019, pour atteindre un total de 222 000. Cette légère diminution est le premier constat dressé par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (Drees) dans le n° 1207 d’Etudes & Résultats.

Précisément, sur 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans, 14,9 se sont fait avorter en Métropole. Dans les Départements et régions d’outre-mer (Drom), la proportion élevée se maintient avec 28,4 ‰ femmes. Selon les territoires, les taux de recours à l’IVG sont en effet fortement contrastés. Outre la Guadeloupe (43 ‰) et la Guyane (40 ‰), les taux les plus élevés dépassent les 16 ‰ en Île-de-France et dans le Sud (Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse). Ainsi, quand 22 femmes sur 1 000 sollicitent un IVG en Provence-Alpes-Côte d’Azur, elles sont moitié moins dans les Pays de la Loire.

 

Deux mouvements opposés

La baisse du taux de recours concerne surtout les « IVG instrumentales ». En 2020, ces dernières ont diminué dans les établissements de santé privés et ne représentent plus que 3 % de l’ensemble des IVG (contre 24 % en 2001). Pour leur part, les IVG médicamenteuses pratiquées hors établissements poursuivent leur évolution d’année en année, avec une nette augmentation en 2020. Pour l’an dernier, on en a compté 67 800 (soit + 5 800 par rapport à 2019). Ce qui représente 72 % de toutes les IVG.

 

Plusieurs effets Covid

Par rapport à 2019, le nombre d’IVG pratiquées dans les établissements de santé est passé de 170 000 à 154 000 en 2020. Et le contexte sanitaire n’est pas étranger à cette baisse particulièrement significative durant les mois de mai et juin.

Puisqu’il fallait éviter la saturation du milieu hospitalier, les femmes ont notamment été orientées vers le secteur libéral pour interrompre leur grossesse. La peur d’être contaminée par le virus en se rendant dans un établissement a d’ailleurs dû influencer la diminution. Tout comme l’a été le déploiement de la téléconsultation pour la prise en charge de l’IVG médicamenteuse, d’autant qu’une dérogation a autorisé la pratique de ce mode jusqu’à la 9e semaine d’aménorrhée, contre les 7 semaines réglementaires habituelles.

 

Moins de conceptions

A ces motifs expliquant la chute des IVG dans les établissements hospitaliers s’en ajoute un autre, et non des moindres, qui vaut d’ailleurs pour l’ensemble des interruptions. Comme l’a constaté l’Insee, la France a moins conçu d’enfants dès mars 2020. C’est l’un des impacts immédiats du premier confinement, comme le confirme la baisse des naissances à partir de novembre suivant. Une baisse de conceptions qui se traduit, forcément, par un recul des IVG en mai et juin.