La croissance démographique mondiale et le dérèglement climatique sont indissociables l’une de l’autre. Et pour cause, les besoins économiques augmentent avec la population, entraînant avec eux des émissions de Co2 et leurs impacts délétères sur le cadre et les conditions de vie. Fort heureusement, la courbe croissante de la population terrestre marque une décélération depuis les années 1960, mais c’est à partir de la moitié du 21e siècle qu’on devrait constater le début de son déclin.

L’Europe vieillit

Pour l’heure, même si plusieurs pays de son continent affichent des taux de fécondité élevés, l’Afrique est faiblement concernée par cette corrélation entre population et dérèglement climatique. A l’inverse de la Chine, des Etats-Unis et de l’Inde qui, compte tenu de leur industrialisation, sont les plus grands pays émetteurs de carbone. Sans oublier l’Europe. Sur le Vieux-Continent, justement, la population vieillit. Et ce n’est pas non plus une très bonne nouvelle pour le climat ; surtout si les dynamiques en faveur du verdissement de l’économie ne parviennent pas à atteindre l’objectif de neutralité climatique fixé à 2050.

Un pic entre 65 et 69 ans

En effet, selon une récente étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined), dont les résultats ont été publiés dans Populations & Sociétés de septembre dernier, l’âge influe significativement dans le dérèglement.

« À l’échelon du ménage, indique le document, les émissions augmentent avec l’âge de la personne de référence, atteignent un pic entre 45 et 49 ans, et diminuent progressivement au-delà. »

A l’échelon individuel, en revanche, et sans tenir compte du revenu et du lieu de résidence, le pic des émissions carbone se produit entre 65 et 69 ans, avant de diminuer. Si le revenu et le lieu de résidence sont, par contre, considérés dans le calcul, la courbe des émissions individuelles européennes est cette fois légèrement moindre, mais elle progresse pour atteindre son pic sur la tranche d’âge des 85 ans et plus.

Des besoins énergivores

La première des raisons à ce constat, explique l’Ined, est que les personnes âgées ne bénéficient pas des économies d’échelle qu’autorisent les ménages nombreux. Autrement dit, l’absence de mutualisation des dépenses et de la consommation favorise leurs émissions en Co2. Autre motif : en dépit de leurs moindres ressources, les personnes seules privilégient les dépenses liées à des biens à forte intensité carbone tels que le chauffage, le gaz et l’électricité, et cela souvent dans des logements anciens. Dépenses auxquelles il faut ajouter celles concernant les soins médicaux, de plus en plus fréquents et énergivores en vieillissant.