Suite à la mission que leur a confiée le Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques (CEC) de l’Assemblée nationale, en octobre 2020, les députés Julien Dive (LR) et Marie Tamarelle-Verhaeghe (LRM) ont récemment publié leur rapport d’information sur « l’Evaluation de l’alimentation saine et durable pour tous ». Un document de 205 pages qui décode la façon dont on mange et avance 21 propositions pour l’améliorer.

 

Un équilibre nutritionnel parasité

La consommation alimentaire des Français correspond à 2,9 kg d’aliments et de boissons par adulte et par jour, indiquent les députés. Soit 2.200 kcal. Un apport énergétique qui, quel que soit l’âge, provient pour 55 % des produits céréaliers et laitiers, des viandes, poissons et œufs, et des fruits et légumes. Celui des pâtisseries et autres biscuits est de l’ordre de 10 à 15 % selon l’âge, quand celui des pizzas et des tartes est de 5 à 9 %. Problème : la part des aliments transformés dans l’assiette est supérieure à 30 % et la quantité de sel et de sucres augmente alors que notre mode de vie est de plus en plus sédentaire.

 

Plus de fibres mais peu de bio

Certes, depuis 2010, les Français consomment davantage de fruits et légumes, mais l’apport en fibres constaté (20 g chez les adultes) reste inférieur aux recommandations (30 g). A ce titre, rapporte le document, un fruit et légume sur deux est importé (tout comme les 2/3 des poissons). Qu’ils soient bio est loin d’être certain, puisque chaque habitant dépense seulement 178 euros  chaque année en aliments issus de cette agriculture.

La vente des aliments bio a de surcroît régressé de 1,7 % sur les dix premiers mois de l’année 2021. Ce qui n’est pas le cas des produits locaux ou régionaux dont l’essor s’explique par des prix plus abordables, et la multiplication des commerces spécialisés dans le circuit court.

 

Sociologie du comportement alimentaire

Bien entendu, développe le rapport, l’appartenance sociale, l’ancrage territorial ou encore le genre du consommateur déterminent les habitudes alimentaires. D’où certaines disparités de santé (surpoids, obésité, maladies chroniques…) faisant écho à ces critères sociologiques.

Les nouvelles tendances, comme le végétarisme et le véganisme, peuvent également influencer le comportement. Mais attention, la réalité est parfois « très en deçà de l’écho donné à ces nouvelles pratiques alimentaires », préviennent les rapporteurs. Selon les chiffres, seuls 2,2 % des Français déclarent suivre un régime sans viande. Il est surtout le fait de représentantes des classes supérieures, d’urbaines, pour beaucoup jeunes, célibataires et diplômées au-delà du secondaire. Pour leur part, les produits locaux attirent davantage les consommateurs de 45 à 60 ans, plus préoccupés que les jeunes par le protectionnisme des produits français et les enjeux économiques.

 

Plusieurs acteurs influents

Cette inégalité sociale face à l’assiette a particulièrement été manifeste pendant la crise sanitaire et les confinements, ajoute le texte. Quand les télétravailleurs ont pu se confectionner des produits de qualité à domicile, les salariés de « première ligne » ont dû se contenter de médiocres repas pris à l’extérieur. Le fait alimentaire, en conclut le rapport, est « au cœur d’un ensemble de problématiques qui interagissent, et le faire évoluer durablement nécessite d’actionner de nombreux leviers ».

La dimension économique et sociale, les conditions de distribution des produits, la nature de leur production, le marketing, les cantines scolaires, les restaurants d’entreprises, les acteurs de la prise en charge des personnes âgées… tels sont les éléments indispensables au développement de l’alimentation saine et durable.