Comment les tests sérologiques accompagnent-ils la campagne de vaccination contre la Covid-19 ? Grâce à une prise de sang ou à une simple goutte de sang prélevée sur un doigt via les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), il est possible de détecter des anticorps chez une personne qui aurait contracté le virus, y compris sans aucun symptôme.

« C’est ce dépistage pré-vaccinal rapide, de type TROD, qui est en cours de déploiement dans les centres de vaccination. Les personnes dont le résultat est positif ne reçoivent qu’une injection, comme le recommandait notre avis du 11 février dernier. Elles évitent ainsi une deuxième dose de vaccin, qu’il s’agisse de Pfizer, Moderna ou AstraZeneca », explique Cédric Carbonneil, chef du service d’évaluation des actes professionnels à la Haute Autorité de santé (HAS). Seul le vaccin Janssen, administré aux plus de 55 ans, est actuellement efficace avec une unique injection, rappelle-t-on.

« Un double contact »

« Cette sérologie pré-vaccinale permet aux Français de bénéficier d’un schéma vaccinal complet plus tôt. Cela peut être intéressant à l’approche des vacances. Par ailleurs, cette démarche optimise l’utilisation des doses de vaccins disponibles, de façon à vacciner davantage de citoyens », poursuit cet immunologiste. Dans un communiqué du 3 juin, la HAS a estimé que « 23 % de la population a été infectée, alors que 8 % seulement ont été dépistés par test PCR ou antigénique ».

« Une personne a besoin d’un double contact avec le virus ou les composants des vaccins pour être correctement protégée. Le premier contact avec le vaccin va initier la réponse immunitaire contre la Covid. Le second contact sert à amplifier la réponse mémoire, afin de garantir qu’elle dure plus longtemps et qu’elle soit de meilleure qualité. En termes d’immunité, le fait d’avoir déjà eu la Covid remplace donc une dose de vaccin », insiste Cédric Carbonneil. « Néanmoins, si quelqu’un a contracté la Covid sans le savoir et reçoit deux doses, ce n’est absolument pas grave, rassure-t-il. Simplement, une seule aurait suffi. »

Quatre types de diagnostic

La HAS a également publié le 23 juin de nouvelles recommandations sur l’utilisation des tests sérologiques à des fins de diagnostic. Ces derniers demeurent indiqués dans quatre situations. La première concerne « le diagnostic initial des patients symptomatiques graves hospitalisés, en cas de tableau clinique ou scanographique évocateur d’infection par le SARS-CoV-2 », dont le test PCR s’est avéré négatif, indique la HAS. La deuxième s’adresse à un public identique, mais pour un diagnostic de rattrapage, lorsqu’un test PCR n’a pas été réalisé « avant 7 jours ». Les deux autres indications portent sur le diagnostic initial ou de rattrapage de patients symptomatiques sans signe de gravité.

« Lors d’une forme non sévère, il faut attendre au moins 14 jours avant de réaliser un test sérologique rapide. L’objectif est de laisser le temps aux anticorps d’être produits en quantité suffisante et d’obtenir une performance optimale du test. Ce délai est ramené à 7 jours pour les personnes hospitalisées développant une forme grave de la maladie. Un test rapide, même imparfait, constitue un indice de diagnostic après un test PCR négatif ou inexistant », précise Cédric Carbonneil.

Valeurs seuils attendues

Enfin, la HAS s’est prononcé défavorablement sur l’utilisation des tests sérologiques pour déterminer le niveau de protection des personnes immunodéprimées vaccinées. Il s’agit par exemple des patients transplantés, traités pour un cancer ou dyalisés. Les premières données disponibles font apparaître une efficacité vaccinale plus faible chez ces malades.

« Aujourd’hui, nous ne savons pas si cette moindre réponse immunitaire est tout de même suffisante. Nous ne connaissons pas encore la valeur seuil, appelée corrélat de protection, au-delà de laquelle il est possible de considérer qu’une personne est protégée », explique Cédric Carbonneil. « Beaucoup de travaux internationaux sont en cours pour déterminer ces valeurs seuils. Nous espérons voir arriver bientôt leurs conclusions. L’Organisation mondiale de la santé en a fait une de ses priorités », affirme cet expert.

Pour l’heure, la stratégie vaccinale « ne doit pas s’appuyer sur un test sérologique », prévient la HAS. Celui-ci pourrait en effet « s’avérer faussement rassurant sur la protection effective ». « Par précaution, le ministère de la Santé a décidé de recommander une troisième dose chez les patients immunodéprimés. Ils doivent continuer à respecter les gestes barrières, ainsi que leur entourage », ajoute Cédric Carbonneil.