Si la législation sur la fin de vie devait évoluer, le Comité éthique et cancer privilégie le suicide assisté. Cet organe consultatif et indépendant a publié le 17 janvier 2023 un avis sur le sujet. Son titre : « Cadre légal de la fin de vie et demandes d’aide active à mourir. Avis et recommandations ».

« S’il était admis par le législateur que le cadre juridique actuel de la fin de vie ne permet pas de répondre humainement à certaines demandes d’aides actives à mourir exprimées par des personnes malades, une aide active à mourir sous la forme d’une assistance au suicide pourrait alors être prévue et encadrée par la loi », indique le Comité éthique et cancer. Il réclame une « attention particulière » envers les personnes les plus fragiles, par exemple « celles atteintes d’affections psychiatriques ».

 Oppositions vivaces

En revanche, ce comité estime que la légalisation de l’euthanasie, ou aide médicale à mourir, « ne peut être recommandée ». Il formule ce conseil au regard de « la vivacité des oppositions » qui animent pour l’instant certains professionnels de santé.

Dans les pays qui autorisent le suicide médicalement assisté, le rôle du praticien demeure néanmoins important. Tout d’abord, c’est lui qui prescrit la solution létale au patient incurable, en vue d’une auto-administration. En amont, une procédure collégiale vise à accéder ou non à la requête du malade. Le Comité éthique et cancer préconise donc de prévoir une clause de conscience pour les professionnels de santé. Il rejoint ainsi, en partie, la position du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), dont l’avis date du 13 septembre 2022.

Soins palliatifs accessibles

Ces deux instances ont des opinions similaires sur d’autres points. Comme le CCNE, le Comité éthique et cancer exige que « des soins palliatifs de qualité soient réellement accessibles ». Cela suppose « des révisions radicales de l’organisation du système de santé » et de « sa dotation de moyens ».

Pour ses membres, « la société ne saurait souhaiter que disparaissent des vies qui pourraient se poursuivre ». Selon la piste retenue, le législateur accordera nécessairement « une place à la prévention et à la dissuasion du suicide ». La prise en charge palliative, l’intervention de psychologues ou d’écoutants faciliteraient cet objectif.

Directives anticipées

Les autres améliorations attendues concernent la formation médicale et l’information des patients. Un effort notable devrait porter sur la promotion des directives anticipées, ce que défend aussi le CCNE. Le présent avis suggère de mener des actions de sensibilisation au sein des cabinets médicaux, établissements de santé ou pharmacies. Il évoque d’autres possibilités via les mairies, les professions du notariat ou les établissements proposant des contrats d’obsèques.

Enfin, le Comité éthique et cancer invite à évaluer toute nouvelle réglementation et les pratiques qui en découleraient. « C’est maintenant à la société, aux acteurs politiques que sont les citoyens et leurs représentants, de décider des conciliations pratiques qu’ils souhaiteront pour faire coexister en son sein les aspirations hétérogènes qui s’y manifestent en matière de fin de vie », conclut-il.